Jean-Philippe Burnel

 

Nul ne saurait en vouloir à nos peintres du Val de Saire d'aller planter parfois leur chevalet à quelques encâblures de ce pays. Jean-Philippe Burnel a momentanément délaissé les paysages verdoyants qu'il affectionne pour se transporter sur le site de la future Cité de la Mer.

Permettre à un peintre d'exercer son talent dans le cadre de travail exceptionnel que constitue l'ancienne gare maritime de Cherbourg est une démarche dont il convient de souligner et d'applaudir l'intelligence.

 

D'autres sont de simples décors qu'il a conçus d'après des photographies de la gare maritime dans le but de mettre en valeur des pièces plus petites. Le traitement de ces espaces vides, dans une seule tonalité principale, jouant sur la lumière, rappelle certaines toiles d'Edward Hopper.
Ces lieux chargés d'émotion, que l'on imagine volontiers hantés par les fantômes des élégantes passagères qui s'embarquaient sur les transatlantiques, semblent revivre sous les accrochages qu'effectue Jean-Philippe Burnel de ses grandes pièces marouflées sur drap. 
Dans certaines d'entre elles il utilise la technique du monotype, rehaussé et retravaillé à la peinture, ce qui produit un graphisme nerveux et saisissant.
Cela va de la peinture purement figurative, dont on voit cependant que le motif devient rapidement secondaire pour s'effacer derrière la densité des matières et le jeu des couleurs, jusqu'à des oeuvres plus récentes, purement abstraites, qui font penser à Nicolas de Staël.
     
     
 
Le grand intérêt du travail de Jean-Philippe Burnel est que, loin de se contenter comme d'autres de poursuivre inlassablement l'affinement d'un style adopté une fois pour toutes, il explore une gamme très diverse de possibilités.
   
 
       
A mi-chemin, Jean-Philippe Burnel peint des personnages, principale-
ment des ouvriers du port de Cherbourg, avec un traitement de la couleur similaire à de la sépia et une inspiration proche de la bande dessinée.
  Les grues du port lui fournissent également l'opportunité de développer un style que l'on pourrait qualifier d'intermédiaire entre le totémisme et la calligraphie japonaise.
Voir Jean-Philippe travailler dans ce cadre, privilège que n'auront pas les visiteurs de sa future exposition, constitue une expérience que l'on n'oublie pas.
 
Son atelier provisoire s'ouvre sur les quais au travers d'une grande baie lumineuse. La palette qu'il utilise est des plus étonnantes puisqu'il s'agit d'une table roulante !
Lorsque l'on s'émeut, voire s'indigne, de le voir marcher sur ses toiles posées à même le sol, Jean-Philippe Burnel répond le plus calmement du monde qu'il en a bien le droit puisque ce sont les siennes.

 

Exposition à l'IUT Cherbourg Manche site d'octeville du 7 fevrier au 25 fevrier 2000

 

Exposition à l'IUT Cherbourg Manche site de Saint-Lo du 8 mars au 24 mars 2000

 

 

Réalisation et textes de Didier Bouvet